LE MONDE 27.07.09
Benjamin Barthe

Salah Hamouri ne quittera pas sa geôle. Ainsi en a décidé, dimanche 26 juillet, le comité de révision des peines de l’Etat juif. Le jeune Franco-Palestinien, incarcéré depuis mars 2005 en Israël et condamné en avril 2008 à sept ans de prison pour son implication supposée dans un improbable complot, sollicitait une libération anticipée.

Depuis 2001, une loi israélienne autorise les détenus ayant purgé les deux tiers de leur peine à en faire la demande. Mais la commission, réunie dans la prison de Gilboa, au nord d’Israël, a répondu par la négative. Salah, âgé de 24 ans, fils de Denise Guidoux, originaire de Bourg-en-Bresse, et de Hassan Hamouri, résident de Jérusalem, est jugé “trop dangereux” pour être libéré.

Aux yeux de la justice israélienne, le jeune homme est coupable d’avoir eu l’intention d’assassiner le rabbin Ovadia Yossef, chef du parti séfarade Shas. Menacé d’une peine largement supérieure à sept ans s’il s’entêtait à contester l’accusation, Salah avait plaidé coupable. Mais le dossier ne repose sur aucune preuve : ni armes, ni plan, ni début d’exécution. Le tribunal a juste établi que Salah Hamouri était passé en voiture devant le domicile du rabbin. Cet élément, ajouté à une accusation d’appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un petit parti de gauche, ont suffi à le faire condamner par un tribunal militaire. Consciente du fait que les prisonniers palestiniens n’obtiennent quasiment jamais de remise de peine, à l’inverse des détenus juifs, fussent-ils meurtriers, la famille Hamouri avait malgré tout espéré une mesure de clémence.

INTERVENTIONS VAINES

Le 25 juin, rompant avec l’indifférence polie qu’il manifestait jusque-là - contrastant avec son engagement immédiat auprès de la famille du caporal franco-israélien Gilad Shalit, otage du Hamas -, Nicolas Sarkozy avait fait recevoir Denise Hamouri par son conseiller pour le Proche-Orient, Boris Boillon. Selon lui, le président de la République a ensuite transmis une lettre au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lui demandant de s’assurer que Salah bénéficie des dispositions de la loi de 2001. Une démarche identique aurait été menée auprès de l’ambassade d’Israël à Paris.

Ces interventions sont restées vaines. Envoyé à la prison de Gilboa suivre l’audience de la commission, Stéphane Harzelec, le consul-adjoint de Haïfa, n’a pas été autorisé à y pénétrer. Dans l’attente de la décision, il a piétiné devant la porte de l’établissement où Salah Hamouri risque désormais de rester jusqu’en novembre 2011.